PDICA: Des enseignants sensibles à l’inclusion et au genre, pour répondre aux besoins spécifiques de tous les élèves !

Si l’on constate des progrès significatifs sur la question de l’éducation au Burkina Faso, il faut pourtant reconnaitre que les filles restent encore en marge. Les défis sont majeurs, notamment dans ce contexte d’urgence que traverse le pays. Conscient de ces défis, le Projet d’appui aux Déplacés Internes et de renforcement de la résilience des Communes d’Accueil (PDICA) a organisé du 22 au 24 avril à Kongoussi et du 06 au 08 mai 2024 à Kaya, une formation au profit de 70 acteurs de l’éducation de la région du Centre-Nord sur la pédagogie inclusive sensible au genre en situation d’urgence.

Sur les 2.062.534 personnes déplacées internes enregistrées par le CONASUR au 31 mars 2023, 58 % sont des enfants, au nombre desquels figurent de nombreux élèves. « A l’école Saint Augustin, nous avons majoritairement des élèves déplacés internes (EDI), sur un effectif de 270 élèves, nous avons 234 EDI, avec 109 filles EDI » déclare Monsieur Hyppolite OUEDRAOGO, directeur de l’école. « Malgré leur nombre élevé et le fait que l’éducation soit un droit fondamental au Burkina, nous constatons que les filles et les personnes en situation de handicap sont toujours marginalisées » renchérit l’inspecteur OUEDRAOGO Bertrand, formateur principal.

En 2022, la région du Centre-Nord enregistrait 70.400 filles scolarisées sur un effectif total de 142.700 élèves, source INSD Burkina 2024. Si les efforts consentis par l’Etat burkinabè et ses partenaires techniques et financiers sont indéniables, l’on constate néanmoins que le chemin vers l’école pour les filles et les élèves en situation de handicap, reste pavé d’obstacles. En effet, les kilomètres à parcourir à pied, exposent souvent les filles aux agressions et aux viols.

Plus vulnérables que les garçons, ces filles sont souvent contraintes de mettre précocement fin à leur cursus scolaire.  Aux difficultés habituelles qu’elles connaissent, s’ajoutent les difficultés liées à la crise sécuritaire que traverse le pays. Force est donc de constater que la crise sécuritaire pèse sur les rapports de genre dans le milieu éducatif, « les élèves déplacés filles ont plus de difficultés à s’intégrer dans leur école d’accueil, en raison des stéréotypes sexistes et souvent aussi du manque d’infrastructures adaptées à leur condition féminine », confie Monsieur Ousmane BAMOGO, directeur de l’école Cyprès B de Kaya.

Pourtant les avantages de la scolarisation des filles ne sont plus à démontrer. En effet, au-delà de l’aspect économique, la scolarisation des filles permet d’éradiquer plusieurs maux qui minent la société burkinabè actuelle, notamment dans ce contexte d’urgence. « Ces filles qui ont dû quitter leur village, si elles ne sont pas scolarisées risquent d’être précocement mariées ou de se livrer à d’autres dépravations pour subvenir à leur besoin ou aux besoins de leur famille », nous explique M. le Directeur de l’école Saint Augustin. Monsieur Adama BADINI, Inspecteur de l’Education Primaire et Non Formelle à la CEB de Kongoussi II, précise que « une fille qui a suivi un bon cursus scolaire, sera demain une femme qui n’hésitera pas à participer à la gestion des affaires publiques. Maintenir donc les filles dans le cursus scolaire, permet non seulement de briser le cycle de la pauvreté, mais aussi un levier de développement local ».

Pour atteindre l’objectif visé par la formation, les formateurs ont jugé bon de passer par une approche interactive et participative. Une approche qui a permis aux acteurs de l’éducation d’examiner leurs propres préjugés sexistes et ainsi travailler à changer de comportement. Enfin, cette approche a permis aux enseignants d’apprendre les uns des autres, de partager leurs expériences et de se soutenir mutuellement dans leurs efforts quotidiens pour faire asseoir et renforcer l’égalité de traitement. En effet, les enseignants sont la pierre angulaire du système éducatif. Leur rôle même d’éducateurs les désigne comme des agents de changement et des modèles pour les enfants.

Il faut savoir qu’au-delà de la formation des acteurs sur diverses thématiques en lien avec l’éducation en situation d’urgence que connait le pays, le PDICA a doté les différentes écoles qu’il accompagne en matériels d’animation, avec pour objectif de faciliter l’intégration de ces élèves déplacés. Parallèlement aux formations et dotations, le projet travaille à doter une école en latrines avec une cabine de rechange pour filles afin de prendre en compte la dimension de la gestion hygiénique des menstrues (GHM).

Par Honorine Limon

Experte communication