Haoua Djidéré - De transformatrice artisanale à Femme battante
Une jeune femme est recrutée comme secrétaire à la SODECOTON dans la localité de Nganha'a, région de l’Adamaoua. Trois ans plus tard, elle quitte son emploi pour se marier. Impliquée désormais à plein temps dans les activités du ménage, la vie devient difficile et elle a du mal à joindre les deux bouts. En 1993, elle se lance dans la culture de la pomme de terre. Elle suit de nombreuses formations et s'efforce d'atteindre son plein potentiel, mais en vain. En 2018, elle lance une entreprise où elle produit de la farine et les chips à base de pommes de terre qu'elle transforme et conditionne localement, puis vend dans son voisinage. Malheureusement, elle ne dispose pas des compétences techniques nécessaires pour faire prospérer sa petite unité artisanale. De plus, son entreprise n'est pas enregistrée légalement, elle ne tient aucun registre de ses activités commerciales et, les revenus restent très faibles.
C’est l'histoire de Mme Haoua Djideré, la promotrice de l’établissement « FEMME BATTANTE », spécialisée dans la transformation et la commercialisation des produits agroalimentaires à Ngaoundéré.
« Avant quand je faisais mes chips et farine de pomme de terre, j’achetais les petits plastiques blancs ci et là et j’emballais. Je vendais mes chips au quartier. Je ne savais rien de la tenue de registres de mes revenus et de mes dépenses ».
Le parcours de Mme Djidéré pour devenir une entrepreneure à succès a commencé en septembre 2022 avec sa sélection et la participation à l’approche « SME Business Training and Coaching Loop ». Cette approche est mise en œuvre au Cameroun par le Projet Centres d’Innovations Vertes pour le Secteur Agro-alimentaire (ProCISA) et le Projet de Promotion du Financement Agricole (ProFinA), avec l’appui financier de la Coopération allemande. Il s’agit d’un cycle de formation et de coaching visant à renforcer les compétences entrepreneuriales des Petites et Moyennes Entreprises existantes dans les chaines de valeur cible afin d’augmenter les emplois, les revenus et le bien-être de la population pauvre dans les régions rurales et périurbaines.
"Pendant la formation, j'ai beaucoup appris sur la manière d'être une véritable entrepreneure. Mon entreprise est légalisée en établissement (Ets) et j'ai ouvert un compte bancaire auprès de MUFID Ngaoundéré où je fais mes versements réguliers ».
Elle a amélioré son emballage et peut mieux commercialiser ses produits.
« Je commande maintenant des sacs en plastique appropriés pour emballer mes chips. Mes produits ont maintenant des étiquettes de couleur qui portent mes numéros de contact et je reçois des commandes de toute la ville », déclare Mme Djidéré.
Grâce à un coaching régulier qu'elle reçoit jusqu’à présent, Mme Djidéré peut aujourd'hui se féliciter d’un rendement technique de la transformation de pomme de terre optimisé à 23%, d’une rentabilité financière à 43%, d’un plan de développement des affaires disponible et d’un accroissement du chiffre d’affaires mensuel de 91% en 2022.
Les recettes de son entreprise lui ont permis d'acheter un terrain et une motopompe qu'elle utilise pour intensifier sa culture de pommes de terre. Elle a l'intention d'étendre la culture à environ 4 hectares pour optimiser la disponibilité de la matière première. Son ambition à terme est de pouvoir un jour, vendre ses produits dans tout le pays.